"TALENTS D'OUTRE-MER" : RENCONTRE AVEC JEREMIE ROLLE
Le Réseau des Talents de l’Outre-Mer a pour objectif de faire rayonner les ultramarins, et le développement économique des Outre-Mer. Cette association est dirigée par la présidente Yola Minatchy.
Initié en 2005 par le CASODOM, l’opération Talents de l’Outre-mer met à l’honneur, tous les deux ans de jeunes français originaires de Guadeloupe, Guyane, Martinique et la Réunion, qui ont réussi un parcours d’excellence en métropole ou ont enrichi leur niveau de compétences par une formations sélectives.
Objectif du réseau "Talents d'Outre-Mer
Mme Yola Minatchy cite :
"Sous l’égide du président d’honneur du C.A.S.O.D.O.M, Georges DORION et du président Jean-Claude Saffache la mise en Réseau des 92 Talents de l’Outre-Mer d’aujourd’hui et ceux de demain, a plus précisément pour objectif :
de tisser des liens d’entraide, de fraternité entre les Talents de l’Outre-Mer ayant reçus le prix "Jeunes Talents" ou "Talents confirmés" du C.A.S.O.D.O.M, toutes promotions confondues depuis 2005 , tous les deux ans.
d’entreprendre des actions de visibilité des talents de l’Outre-Mer mais aussi de promotion de la compétence ultramarine au sens large ;
de tendre la main aux jeunes domiens en difficulté dans les départements d’Outre-Mer. Par exemple, en leur proposant des modèles de parcours des talents ; en leur offrant des conseils d’orientation, de formation par filière ; en leur présentant les métiers des talents, ainsi que l’accès à des offres d’emplois, de stages, de logements qui nous sont accessibles de nos milieux, etc...
de lancer des pistes de réflexion sur l’Outre-Mer : à titre d’exemple, à propos des modes de développement économique de nos régions notamment avec l’aide de l’Union européenne, ou sur la problématique de la représentativité des ultramarins en France et dans les départements d’Outre-Mer.
Rencontre avec un des talents d'Outre-Mer : JEREMIE ROLLE
Afriquedomtomnews : Bonjour pouvez-vous vous présenter ?
Jérémie Rolle : Bonjour Isabelle, tout d’abord, je tiens à vous remercier pour cette interview que vous m’accordez afin de présenter mon parcours scolaire et professionnel, en tant que lauréat de l’Opération Talents de l’Outre-mer1. Je m’appelle Jérémie Rolle, j’ai 28 ans et je suis originaire de la Guadeloupe.
Après un baccalauréat scientifique obtenu au lycée Charles Cœffin en Guadeloupe, j’ai poursuivi mes études par deux années de mathématiques supérieures et spéciales. Ensuite, je suis parti m’installer en métropole pour parfaire mon cursus universitaire en Physique. J’ai terminé ce dernier par l’obtention d’un doctorat de Physique théorique, soutenu à l’Université Paris XI, à Orsay et préparé au sein de la Division des Applications Militaires du Commissariat à l’Energie Atomique.
Mes travaux de recherche s’inscrivaient dans le cadre de la construction du laser Mégajoule. Cette installation laser de grandes dimensions, constituera avec son équivalent américain, le NIF, le laser le plus énergétique existant et devrait permettre de franchir le « breakeven », bilan positif entre l’énergie produite par les réactions thermonucléaires et l’énergie laser fournie à la cible de D-T2. La réussite de ce projet ouvrirait la voie vers une nouvelle source d’énergie « propre » et abondante.
Actuellement, je vis aux Etats-Unis, à Houston, dans l’état du Texas. Je travaille au sein d’une grande compagnie pétrolière en tant qu’Ingénieur de Recherche. Mon travail se situe au confluent des Mathématiques appliqués et du calcul haute performance.
Afriquedomtomnews : Comment vous êtes venu l’idée des études de Physique nucléaire ?
Jérémie Rolle : De manière complètement fortuite. C’était lors d’un stage de Physique expérimentale à l’Institut de Physique Nucléaire à Orsay. Cet institut a été fondé sous l’égide d’Irène et Frédéric Joliot-Curie, co-récipiendaire du Prix Nobel de Physique pour la découverte de la radioactivité artificielle.
Lors de ce stage, j’ai étudié la structure des nucléons (i.e. protons et neutrons).
Ce stage a été pour moi une vraie découverte. D’une part, il s’agissait de ma première expérience au sein d’un laboratoire de recherche académique et d’autre part, le sujet d’étude m’avait énormément passionné. J’étais très impressionné par le formalisme mathématique et j’ai voulu approfondir mes connaissances. Il est aussi vrai qu’à ce stade de mes études, je cherchais ma voie de spécialisation. La conjonction des éléments précités m’a convaincu du bien fondé de poursuivre mes études en Physique nucléaire. Celles-ci se sont ponctuées par un Master Recherche en Fusion Nucléaire, obtenu conjointement à l’Ecole Polytechnique et l’Université Pierre et Marie Curie.
Afriquedomtomnews : Que pouvez-vous apporter à l’Outre-mer dans votre domaine de compétences ?
Jérémie Rolle : C’est une vraie problématique. A l’exception d’une activité d’enseignement à la faculté des sciences au sein d’une université, je peine à trouver d’autres débouchés où je pourrais pleinement mettre mes compétences au service de l’outre-mer et plus singulièrement la Guadeloupe, dont je suis originaire. Malheureusement, les opportunités de carrière pour des profils hautement qualifiés dans mon champ de compétences sont inexistantes dans nos territoires.
Je pense que la problématique de la fuite des cerveaux en outre-mer mériterait d’être prise davantage en considération. Il est regrettable sur le long terme que nos territoires ne puissent pas profiter pleinement d’une jeunesse talentueuse, ambitieuse et qualifiée.
Afriquedomtomnews : Quels sont vos projets actuels ?
Jérémie Rolle : Je travaille actuellement au sein d’un « Prospect Laboratory » dédié à la recherche de long terme sur le thème de l’imagerie sismique. L’exploration pétrolière ayant commencé depuis plus d’un siècle, il n’est pas surprenant aujourd’hui que les zones à explorer soient fortement hétérogènes et très souvent difficile d’accès. Le développement de logiciels d’imagerie sismique 3D de plus en plus performants est donc un enjeu crucial pour la prospection pétrolière.
Concrètement, je contribue à l’élaboration de nouveaux modèles mathématiques de propagation d’ondes sismiques d’une part et d’autre part je participe à l’implémentation de ces modèles au sein de logiciels de calcul massivement parallèle. L’objectif étant de délivrer une cartographie du sous-sol terrestre exploré avec un haut niveau de résolution. Cette carte géologique constitue ensuite un outil puissant d’analyse afin d’identifier des foyers pétrolifères mais aussi d’alerter sur de possibles erreurs de quantification des réserves d’hydrocarbures présentes dans la zone ciblée.
Afriquedomtomnews : Comptez-vous faire partager votre expérience et compétences aux compatriotes ultramarins ?
Jérémie Rolle : La tache me semble compliquée compte tenu de mon positionnement géographique actuel, aux Etats-Unis. Toutefois, je participais régulièrement quand j’habitais encore en région parisienne, à des débats traitant des problématiques ultramarines, notamment ceux qui étaient animés par le réseau des talents de l’outre-mer. C’était aussi l’occasion de rencontrer dans un cadre informel des compatriotes ultramarins et d’échanger sur nos parcours respectifs.
Afriquedomtomnews : Quels sont vos projets futurs ?
Jérémie Rolle : Je me plais aux Etats-Unis donc je compte rester pour le moment. Aussi, les opportunités de carrière sont plus fécondes et les salaires plus attractifs qu’Europe par exemple.
Actuellement, je suis entrain de monter une antenne du réseau des talents de l’outre-mer à Houston. Il s’agira de créer un nouvel espace de rencontre, d’échange et de débats centrés autour des problématiques ultramarines.
Afriquedomtomnews : Je vous remercie
contacts :
www.casodom.com
Site internet : http://www-lmj.cea.fr et https://lasers.llnl.gov/science/ignition